jeudi 27 mars 2008

Le hibou

Traduction complète de :Le chot. Le hibou.

La-haut, sur la montagne, au-delà des crêtes du Saint-Sauveur, il y a une vielle maison écroulée, ruinée, à moitié démolie, servant d'un côté d'étable et de l'autre de logement de berger. Elle s'appelle Belvésé (Bellevue).
C'était autrefois une de ces demeures de maître qui dominait au loin toute la campagne. Ses limites étaient à perte de vue. Mais depuis l'époque de Monsieur Larroupit, le vieux patron mort il y a quelques années, tout était resté sans soin et à l'abandon. C'était un méchant homme d'une avarice sans pareille. Personne ne pouvait vivre à ses côtés; on disait qu'il n'aimait que l'argent et l'or et qu'il en avait caché, qui sait combien et qui sait où?
Donc, dans cette étable de Belvésé, il y avait un maigre troupeau d'une centaine de moutons et dans la vieille demeure, Pascalou, le berger; un brave homme de berger qui s'étiolait en étudiant les variations du temps sur les coteaux ventés du Saint Sauveur, en faisant paître son bétail.
Un jour, Pascalou garait ses bêtes sur ce plan pelé qui penche vers Vernajoul, lorsqu'il vit arriver un Monsieur, vêtu de fourrure qui, dans le teuf teuf de sa moto, vint s'arrêter sous son nez.
- " Connaissez-vous Pascalou, dit-il?
- C'est moi, Monsieur, répondit le Berger.
- Tenez, Monsieur Larroupit fils vous envoie ceci, dit l'homme en lui mettant dans la main quelques feuilles de papier bleu... Et si, le mois prochain, vous ne lui avez pas payé les cinq ans de fermage en retard, il fera vendre votre troupeau. Je suis l'huissier chargé de vous en informer!".
Et voilà notre homme qui retourne sa machine, la fait courir un moment, saute à cheval sur la selle et s'en va.
Le pauvre Pascalou tournait et retournait dans ses doigts son papier bleu, comme devenu idiot. Il pensait que cette maudite vie, si méchante, si dure, ne lui promettait pas de fleurs.. Misère de sort! Lui qui avait une pauvre femme et trois petits enfants à nourrir! Lui qui avait souffert souffert pendant toute son existence et qui venait de tirer cinq années de guerre terrible dans la "Coloniale". Cinq ans, là-haut, dans cet enfer des tranchées..."Ah! malédiction!, éclata Pascalou en dressant un poing courroucé qui froissait le papier bleu de l'huissier.
Le soleil déclinait vers les sommets pyrénéens et la nuit approchait. Pascalou siffla son chien et, suivi des brebis s'achemina vers la maison. Il était tout seul dans sa demeure : sa femme et ses enfants étaient descendus à Foix ou ils avaient été invités...
Pour chasser ses tristes idées, Pascalou décida de faire un grand feu.Le bois ne manquait pas, il était entassé derrière la maison.. Il eut bientôt charrié un gros tronc de chêne et une brassée de brindilles. Le feu montait haut, bien haut dans la hotte de la cheminée.
Pascalou, assis devant son grand feu, songeait. Le chien ronflait apaisé par la douce chaleur ronflait...
Et le feu toujours avivé montait haut, toujours plus haut, si haut qu'on eut dit qu'il allait atteindre les poutres. Tout à coup, on endendit dans la cheminée comme un long frémissement, quelque chose qui s'agitait près du toit... Le frôlement descendit et, dans la flamme, un déluge de suie, de pierres, comme si la vieille maison se démolissait. Le feu en était presque éteint. Un gros hibou, les ailes brûlées et à demi-mort roula au milieu de la cuisine.
Pascalou effrayé avait fait un saut en arrière pour saisir un manche de houx: son bâton de pâtre. Cependant, le chien s'était dressé et, d'un coup de dent, avait brisé les ailes du gros oiseau. L'émotion passée, Pascalou s'approcha pour remettre en ordre les tisons un peu éparpillés. Que vit-il alors? Au milieu des cendres, parmi les débris de suie, une jolie cassette de métal que la chute avait entr'ouverte et qui était emplie d'écus, de pistoles et de louis d'or; le berger en eut un choc au coeur.
A leur retour de Foix, la femme et les enfants trouvèrent Pascalou avec un papier froissé dans les mains. Ce papier qu'il avait trouvé parmi le trésor avait appris au berger que cette fortune avait été amassée depuis plus de cent ans par Larroupit père et grand- père en volant les brebis, les veaux, les sétiers de blé, les mesures d'avoine, les boisseaux de haricots aux aïeux de Pascalou qui avaient été ruinés.
Ce coffre, ce vieil avare de Larroupit l'avait caché dans un trou de la cheminée.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pascalou a dit:
Alavetz,ieu, Pascalou, digus no s'intéressa à meu istoria? Gardarè los douros per meu!

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